Le coquillage et l’océan

🐚🌊

C’était un coquillage, venu de l’autre coté des mers, où les alizés caressent de leurs vents chauds toute carapace forgée par la nature et la frayeur de l’Homme, prédateur sur cette terre abondante. Ce petit coquillage aimait l’aventure, il se faisait porter par les mers et avait finalement élu domicile sur une cote loin de ses origines mais qu’il l’avait accueilli avec amour malgré un environnement où les vents étaient fort et la nature sauvage. Ce coquillage aimait ses nouvelles terres qu’il avait adoptées, ses eaux étaient translucide, et par beau temps elles offraient tout ce que le petit coquillage pouvait espérer pour vivre face à cet océan majestueux.

Tous les jours il regardait ce magnifique océan face à lui, qui le caressait de ses plus tendres vagues. Ses eaux étaient pures, sa couleur infiniment bleu, aux milles nuances, dont personne ne pouvait se lasser. Le coquillage était subjugué par tant de grandeur, il savait que l’océan était grand, majestueux, qu’il arpentait tous les continents, que beaucoup venaient à sa rencontre et s’y noyaient soit de plaisir en nageant de ses eaux, soit en coulant dans l’abysse, ayant été trop présomptueux de vouloir dominer cet élément qui contrôlait tous les courants.

Le coquillage, un jour, souhaita rencontrer et toucher de sa carapace l’océan et ses eaux réputées. Il quitta la plage qu’il connaissait et parti à la rencontre de l’Océan. Son eau était agréable, avec des courants chauds. Cependant, plus le coquillage voulait connaître l’océan et s’aventurer vers l’horizon où le soleil se levait, brillait et se couchait, plus les courants de l’océan devenaient froids.

L’océan, vit au loin ce petit coquillage, parmi tant d’autres. Il n’attirait pas à première vue l’attention sur lui, c’était un simple petit coquillage finalement, mais il semblait peut-être un peu plus brave que les autres pour s’aventurer et nager aussi loin du rivage. Intrigué, l’océan le regarda plus précisément, amusé par tous les efforts que faisait le petit coquillage pour être au cœur de son royaume. L’océan s’amusait parfois , avec son ami le vent, à bousculer le petit coquillage par ses grands vagues, ses jours de temps maussades ou mauvais temps.

Vaillamment, le petit coquillage bravait les conditions climatiques, remontait alors à la surface, reprendre son souffle et ses forces, et laissait le vent souffler dans son coquillage. Il sortait alors une musique propre au petit coquillage qui venait adoucir l’océan.

Il passa des années où le petit coquillage suivait les courants de l’océan au gré de ses envies, de ses humeurs. Quand le petit coquillage était trop bousculé, il se réfugiait alors vers des mers plus douces, pour se ressourcer et surtout reprendre des forces. Il savait que l’océan demandait beaucoup d’efforts et seuls les plus vaillants pouvaient nager dans ses eaux.

Parfois le petit coquillage restait trop loin de l’océan, préférant le douceur du sable chaud qui était un baume pour sa carapace malmenée par les aléas de la vie. Alors l’océan lançait ses plus douces vagues chaudes vers le petit coquillage, allongé sur le sable chaud, pour le réveiller doucement de sa torpeur. Le petit coquillage aimait quand l’océan prenait soin de lui de cette manière, quand l’océan ne voyait plus que le petit coquillage et lui accordait un peu de son temps. Alors le petit coquillage replongeait dans les douces eaux de son océan.

Le petit coquillage aimait tant son océan qui lui offrait un autre monde. Et l’océan semblait aimer la compagnie de son petit coquillage.

Mais un jour il y eut une tempête plus forte que les autres. Personne ne l’avait vu venir. Le petit coquillage s’était aventuré trop loin des côtes, avait plongé pour voir au plus profond de l’océan. Si l’océan aimait son coquillage, ce dernier avait pensé, à tort, que l’océan le laisserait le connaître au plus profond de son âme. Le coquillage pensait qu’il était facile de se donner tout comme il se donnait librement à son océan…Tous les êtres vivants ne se ressemblent pas et c’est ce que le petit coquillage appris malgré lui…

Le petit coquillage et l’océan se retrouvèrent dans une tempête où tous les éléments avaient décidés d’en découdre. Le ciel était des plus sombres, lançait des éclairs, la pluie apportait de la grêle, les vents étaient forts et ne faisait que renforcer la fureur de l’océan. Le petit coquillage se referma dans sa coquille et se laissa porter par les courants, voulant fuir un monde qu’il n’aimait pas. La vie était assez violente pour ne pas en subir plus qu’il ne pouvait le supporter.

Il se laissa échouer sur une plage, apeuré, épuisé, la coquille abimée, brisée par tous les flux et reflux que l’océan venait de lui faire subir.
Il pleura. Il pleura beaucoup d’eau de mer salée qui lui rappelait un peu plus ce compagnon de temps d’années qu’il ne comprenait plus. Il se sentait incompris, rejeté, désarmé et désaimé. Il venait de connaître ce que les hommes appelait le désamour.

Le petit coquillage s’excusa auprès de l’océan de s’être aventuré trop loin puis resta de long jours, seul, sur la plage à sécher sa peine, à tenter de recoller les morceaux de sa carapace usée par les années et les rochers qu’il avait rencontrés. Il avait toujours été brave. Il suffisait de mettre un pansement, pensait-il, un de plus sur son corps et son cœur meurtris par un rejet de plus. Il s’était habitué au fil du temps à être rejeté. Sauf que cette fois si, sa peine était si immense, il n’avait pas imaginé d’être tombé aussi en Amour devant cet océan qu’il avait appris un peu à apprivoiser mais qu’il ne connaissait finalement pas.

Son océan lui avait ouvert un horizon nouveau, un pays si riche qui lui avait fait connaître bien des pays, des continents, bien de jolis bruits de vagues aux teintes différentes, bien des courants aux températures si différentes, que le petit coquillage se demandait comment vivre désormais sans les bruits des vagues de son si bel océan. Son océan était si beau mais parfois si violent qu’il ne voulait plus subir ses eaux démontées, les creux et les cimes de ses vagues dans ses eaux froides. Le petit coquillage avait besoin de mers calmes, chaudes, sans que les vagues ne jouent inlassablement avec lui sans le mener à cette destination, cet horizon que l’océan et le petit coquillage aimaient tant. Le petit coquillage savait aussi que souvent c’était lui-même qui provoquait les intempéries de l’océan. L’océan semblait si docile, doux et aimable avec les autres petits coquillages.

Le coquillage et l’océan ne pouvaient donc pas vivre cordialement ensemble dans un monde de paix et d’amour ?

Le petit coquillage resta quelques temps sur la plage, souhaitant qu’un promeneur sur la plage, le prenne, le colle près de son oreille pour qu’il entende sa douce et triste complainte, et que le promeneur lui souffle dans sa carapace quelques mots pour le reconforter, lui donner la voie à suivre, les mots qui permettrait au petit coquillage de retrouver l’espoir et le courage de retenter l’aventure de plonger dans les eaux de son bel océan.

A moins que ce ne fut l’océan lui même qui revint un jour vers son coquillage le caresser de ses douces vagues et lui dire pardon pour ses colères, que son océan l’aimait toujours et qu’il voulait que le petit coquillage replonge dans ses eaux, car sans lui, l’eau était moins belle et moins vive.

L’océan avait besoin du petit coquillage pour enlever tout déchet laissé par l’homme dans ses eaux, d’un petit mollusque frondeur qui n’avait pas peur de rien, tout comme le petit coquillage avait besoin de l’océan pour lui apporter pleins de micro-nutriments indispensables à son équilibre, à sa vie, à sa joie de vivre. Les éléments de la nature étaient faits pour vivre ensemble, non pour se rejeter.

C’était le vœu le plus cher du petit coquillage d’être avec son océan comme avant. Ils étaient si complices…

🌊🐚

10 replies to “Le coquillage et l’océan

    1. C’est l’idée…
      Comme tout conte qui, à premiere lecture, peut sembler un peu naïf se cache la profondeur d’un cœur, d’une pensée, de vies liées. Tout comme le coquillage et l’océan…
      Merci Gyslaine pour votre retour. Mon weekend sera suspendu aux lèvres de l’horizon.
      Bon weekend également. 🙂

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      1. Bonsoir Thomas. Je vous remercie d’avoir pris le temps de donner vos impressions sur mes écrits sur Amazon. Oui merci pour ce coup de publicité.
        Je continue d’écrire et j’ai quelques projets pour peut-être un nouveau roman.
        Très belle soirée et bon week-end. 🙂

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  1. Quel beau récit empli de sagesse ! Quelle leçon de vie ! ☺
    Partir à l’aventure c’est parfois prendre le risque d’être rejeté, incompris et malmené comme ce petit coquille balloté par les eaux mouvementées et livré à lui-même. Vivre en paix et dans l’amour n’est pas toujours possible hors de son territoire. On apprend à ses dépens.🦈

    J’aime beaucoup votre écriture agréable à lire, fluide , imagée qui touche au coeur .
    Belle soirée Thomas 🐚🐚
    Mes amitiés ☺

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    1. Merci pour ce compliment qui me touche.🤗
      Le risque fait partie intégrante de la vie et les déconvenues aussi. Ce qui compte c’est d’en prendre et de ne pas avoir de regrets de les avoir pris. Le petit coquillage l’a appris à ses dépens mais cela lui permet aussi d’avancer, il doit aimer prendre des risques et oser…. La vie du petit coquillage c’est de voguer et la vie de l’océan c’est de se mouvoir également et de permettre aux autres de regarder cette si belle étendue, de s’évader et de vivre de belles aventures et tenter d’atteindre leurs rêves … 😊
      Belle soirée Lucia ✨

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      1. Bonjour Lucia,
        Honte à moi il m’avait échappé à mon regard, je n’avais pas vu que j’avais reçu sur cette boite mail un email de votre part, je vous prie de m’excuser🙏 je vous réponds dans un instant, Bonne après-midi à vous aussi😊 🔆

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